La grossophobie : ce que c’est et comment la déconstruire

femme grosse grossophobie

Connaissez-vous le terme « grossophobie » ?
On peut brièvement définir la grossophobie comme la discrimination des corps gros.

Dans cet article, je reviens sur ce que veut dire ce mot, ce concept, mais surtout ce qui se cache derrière. Qu’est-ce que réellement la grossophobie ? Qu’est-ce qu’elle implique ? Comment peut-on l’observer à l’échelle de la société ?

C’est hyper important d’en parler et de voir tous les champs d’application dans la grossophobie si on veut lutter contre. Cette discrimination à l’égard des personnes grosses est très présente dans notre société, plus qu’on ne le croit !🤷‍♀️ Et ce n’est pas évident de s’en rendre compte car on baigne dedans, comme la diet culture.

Si on veut déconstruire la culture des régimes, on doit à mon sens déconstruire la grossophobie et mieux la comprendre et l’analyser. Je ne penses pas être exhaustive sur le sujet mais je compte vous donner des pistes et des ressources notamment, si vous souhaitez explorer davantage le sujet.

Petit disclaimer : j’ai bien conscience que je ne suis pas une personne grosse, et que je suis une personne privilégiée (voir le prochain article sur le privilège de la minceur) pour parler de grossophobie. Je mettrai en fin d’article les personnes grosses, associations, comptes militants de personnes concernées qui parlent mieux de ce sujet que moi bien évidemment. Bonne lecture !🙂

Vous pouvez retrouver cet article en version audio sur mon podcast Reset ton Assiette, à écouter ci-dessous ou sur votre plateforme d’écoute !👇

La grossophobie, c’est quoi ?

Nous sommes tous grossophobes

Quand j’ai pris connaissance du mot « grossophobie », il y a de cela quelques années (quand je n’étais pas du tout au fait de la question), je ne l’ai pas tout de suite compris.

Comment ça la peur des gros ? Qui a peur des gros ? J’avais 0 recul et 0 déconstruction 😉

Pourtant la grossophobie, je l’ai déjà vue au quotidien. Je voyais cette discrimination, sans la comprendre ou mettre des mots dessus. Je l’ai aussi vécu, à une bien petite échelle et y avais déjà confrontée. Et j’ai déjà sûrement été grossophobe à l’égard de personnes grosses.

Comme beaucoup, j’ai internalisé la grossophobie ambiante. J’ai toujours d’ailleurs je pense des biais grossophobes, même en m’éveillant à ce sujet.

Car oui, nous sommes tous plus ou moins grossophobes.

Comme les autres oppressions et discriminations (le racisme, le sexisme etc), on l’est tous plus ou moins.

Car on a vécu dans une société qui nous a appris en fait que c’était normal d’être grossophobe (ou raciste ou sexiste, etc).

La grossophobie, c’est un mal banalisé dans notre société. C’est tellement banal, les remarques ou propos grossophobes parce que c’est normalisé.

La grossophobie : un terme récent

La grossophobie est un terme très récent. C’est tiré du mot « fatphobia » en anglais qui veut dire bah littéralement la peur du gros/la peur du gras. En anglais on parle également de « Weight Stigma » (le sitgma du poids) quand on discrimine quelqu’un par rapport à son poids.
Le terme est apparu en France dans les années 90 timidement dans un essai.

Puis il est revenu en 2017, avec notamment l’ouvrage de Gabrielle Deydier « On ne naît pas grosse ».

Le mot grossophobie est entré dans le Robert en 2019. La définition stricte est « l’ensemble des attitudes et des comportements hostiles qui stigmatisent et discriminent les personnes grosses, en surpoids et obèses ».

Les croyances véhiculées par la grossophobie

La grossophobie véhicule de nombreuses croyances, comme la culture des régimes.

Voici un tour d’horizon non exhaustif malheureusement des croyances liées à la grossophobie :

L’association gros = moche, mauvais, un manque de volonté…

  • Être gros c’est mauvais/mal : il ne faudrait surtout pas être gros sous peine d’être rejeté, maltraité, déclassé…
  • Être gros c’est moche, ce n’est pas beau : Tous ces postulats sont liés au culte de la minceur de notre société, qui valorise les corps minces (et les proclame comme étant « beaux », avec l’idéal de beauté en vigueur).
  • Etre gros c’est manquer de volonté/être fainéant/se laisser aller etc : être gros, c’est une particularité physique, comme être maigre/petit/grand etc. Cela n’a pas tant de choses à voir avec le sport qu’on fait, etc.
    Le poids d’ailleurs a de nombreuses composantes et ne peut pas être réduit à des questions de poids et d’alimentation. Ces croyances véhiculent l’idée qu’on serait responsable de notre poids et de l’apparence de notre corps.

L’association gros = mauvaise santé

La question de la santé revient énormément dans les propos grossophobes. Mais je souligne qu’être gros ne veut pas dire être forcément en mauvaise santé.

Penser qu’être gros = mauvaise santé, c’est ignorer aussi que la santé comporte de nombreux facteurs (génétique, environnement, habitudes de vie). On ne devrait pas réduire la santé qu’au poids.
Surtout en se référant à l’IMC (voir article sur le poids) qui est un outil complétement obsolète. On ne peut pas juger de la santé d’une personne sur son poids et son apparence.

De plus, on fait souvent l’amalgame entre la cause et la conséquence. Car certaines personnes sont grosses car elles ont des troubles métaboliques (diabètes, etc) ou des pathologies qui provoque une hausse du poids. On fait donc le raccourci entre la cause et la conséquence. Alors que non, en fait c’est l’inverse.

Il y a un énorme mythe du sauveur quand on parle de grossophobie. Tout le monde veut absolument dire aux personnes grosses qu’elles sont grosses, qu’elles devraient faire attention à leur santé/ce qu’elles mangent etc.

Alors que les personnes grosses sont souvent les personnes qui ont été mises au régime très tôt, à qui on a rabâché 15 millions de fois de faire attention à leur santé et qui s’en prennent plein la tronche.

Donc please arrêtons avec l’argument santé, et encore il y en aurait beaucoup à dire (et ça mérite un autre article !)

Dès qu’on parle de grossophobie, on dégaine très (trop) vite l’argument santé pour légitimer cette discrimination. Mais cela à mon sens ne justifie en aucun cas qu’on discrimine toute une population, sous prétexte qu’elle ne serait pas en bonne santé (vraiment, allez embêter et discriminer les fumeurs dans ce cas ?)

Les conséquences de la grossophobie dans le quotidien des personnes grosses

Comme toute forme de discrimination systémique comme le racisme, le sexisme et cetera, la grossophobie est tangible dans la société.

Ça se traduit par des discriminations dans plusieurs domaines de la vie.

L’accès à l’emploi, plus compliqué quand on est gros

Quand on est gros on est à moins de chances d’être embauché que quelqu’un de mince, ou quelqu’un qui correspond aux standards de beauté. Cela a été démontré par plusieurs études.
On a tendance en fait à faire plus confiance aussi à des personnes qui sont considérées belles ou minces. On a un biais cognitif qui fait qu’on a moins confiance en quelqu’un est qui gros. Parce qu’on nous a tout le temps dit qu être gros c’est mal, être gros, c’est méchant et cetera (il n’y a qu’à voir les méchants dans Disney !). Les représentations de personnes grosses dans la société ont influencé notre jugement.

L’accès aux soins médicaux : on est moins bien soigné quand on est gros

Il y a beaucoup de soins médicaux qui sont interdits ou du moins pas autorisés sur des personnes grosses. Certaines opérations ou autres procédures comme la PMA (Procréation médicalement assistée) ne sont pas possibles à partir d’un certain poids ou IMC. 

La grossophobie médicale (du corps médical) fait également qu’une personne grosse va moins consulter son médecin. Elle va aussi faire moins d’examens qu’une personne mince par peur des remarques, critiques, ou raccourcis sur le poids. Cela peut aussi expliquer qu’on détecte des cancers qu’à des stades très avancés chez des personnes grosses. De plus, on peut faire aussi une corrélation entre les populations pauvres, qui sont plus grosses et qui n’ont alors pas d’accès aux soins médicaux et sont alors en mauvaise santé (exemple aux US).

La discrimination dans le sport et les milieux sportifs

Le milieu sportif est extrêmement grossophobe à causes des croyances que l’on associe aux corps gros. Mais aussi l’hostilité/les regards etc que peuvent recevoir une personne grosse qui fait du sport. Une personne grosse ne peut pas faire du sport par pur plaisir, mais toujours dans une optique de perte de poids.

Les personnes grosses elles-mêmes peuvent se couper du sport par peur du jugement, mais aussi par perte de confiance dans ces capacités (car on associe toujours mince = performance alors que non !). Le contenu sportif, notamment de la sphère du fitness, de la musculation est hyper grossophobe et porté sur le poids.

La discrimination dans l’espace public

La discrimination dans l’espace public : Rien que les fauteuils dans les transports en commun, dans les cinémas, et cetera, ne sont pas faits pour les gros. Beaucoup d’infrastructures ne sont pas faites pour les gros. Elles sont invitées à ne plus vraiment être dans l’espace public, vu que beaucoup de choses ne sont pas faites pour elles.

La discrimination dans l’habillement et la mode

Il y a beaucoup de discriminations aussi liées aux vêtements, à l’habillement. Peu de marques font des grandes tailles. De plus, beaucoup de marques ne sont pas inclusives. Les peu d’enseignes qui vont au-delà des tailles conventionnelles sont rarement des marques éco-responsables. En effet, c’est souvent de de la fast fashion. Puis quand elles le font, ce n’est disponible qu’en ligne (donc les personnes grosses sont littéralement virées des magasins).

La discrimination dans les relations aux autres

Il y a également toutes les discriminations dans les relations interpersonnelles (relations aux autres) par le biais de critiques et de micro agressions.
Pour trouver des exemples, je vous invite à écouter mon épisode collaboratif sur les fêtes de Noël sur mon podcast.

Les propos grossophobes sont souvent hyper humiliants et violents. La grossophobie est hyper ancrée comme la diet culture. Les propos grossophobes sont normalisés, banalisés et en fait les personnes grosses sont moquées et discriminées ouvertement. On se moque beaucoup des personnes grosses.

Je pense que si vous avez un peu de souvenirs de votre école primaire, je suis sûre que la plupart des personnes qui étaient un peu humiliées, harcelées, étaient pour la plupart gros. Ce sont souvent des personnes grosses qui se sont moquées à l’école, harcelées, ce genre de choses. Enfin voilà, c’est des agressions permanentes, des commentaires, des remarques, et cetera. Des critiques que beaucoup de personnes grosses se prennent dans la figure.

L’invisibilisation et la non-représentation des personnes grosses

Notre société grossophobe, portée sur la minceur, discrimine donc les personnes grosses.

Ces croyances et discriminations sont véhiculés par différents médias, différentes émissions, différents canaux. C’est le cas par exemple dans les séries, dans les films (Friends, Bridget Jones, et j’en passe !).
On voit les gros comme soit des personnes méchantes, soit des personnes qui font des relookings/changent/glow up, ou soit des personnes rigolotes dont on peut facilement se moquer (les fameux « side kick » qui assistent le héros).

Tout cela fait que les personnes grosses sont invisibilisées. Toutes ces attitudes et discriminations font souvent que les gros sont plus à risque de développer des dépressions, des TCA (Troubles du Comportement Alimentaire) avec les régimes /restrictions. Souvent on met les personnes grosses au régime. Ce qui ouvre après la porte à des yoyos, des variations de poids de plus en plus importantes et des TCA.

La grossophobie internalisée : sommes-nous tous concernés par la grossophobie ?

Nous ne sommes pas tous concernés par la grossophobie systémique, qui touche les personnes grosses. Ce sont les personnes grosses qui sont discriminées et qui peuvent en parler le mieux.

Néanmoins, nous avons tous internalisé la peur d’être gros, de grossir qui relève de la grossophobie.  

Même si nous ne sommes pas tous directement concernés, c’est très important de déconstruire la grossophobie. Nous pouvons déjà d’arrêter de véhiculer les préjugés. Arrêter de rire à des blagues grossophobes, de faire le relais de la grossophobie.

La grossophobie s’observe à chaque échelle individuelle, notamment à travers la peur de grossir.

La peur de grossir est en réalité liée à la grossophobie et la culture des régimes.

La grossophobie : un enjeu pour lutter contre les TCA (Troubles du Comportement Alimentaire)

C’est cette peur de devenir gros, cette phobie qui nous pousse à faire des régimes et à être en restriction. Elle nous amène même à développer des troubles du comportement alimentaire : les TCA.

Parce que posez-vous la question, imaginez une société ou les gros ou les personnes grosses seraient vraiment bien considérées dans la société.

Qu’il n’y aurait aucune discrimination à leur égard, qu’on ne se moquerait pas d’eux parce que on trouverait ça normal d’être gros. Comme quelqu’un qui est grand comme quelqu’un qui est maigre et cetera.

On aurait compris que c’est juste sa morphologie.

Imaginez qu’on vous apprenne que prendre du poids, c’est OK qu’au final êtes gros, c’est juste une morphologie, point barre. Il n’y a rien de mal à ça.

Je pense que si on avait pas cette grossophobie ambiante, je pense qu’on serait quand même tous plus à l’aise. On serait mieux dans notre peau si on comprenait que la diversité corporelle existe. Qu’il n’y a pas lieu de discriminer un corps plutôt qu’un autre ou de mettre sur un piédestal un corps plutôt qu’un autre.

Et moi, je suis persuadée que si la diet culture, la grossophobie, on en parle et on sensibilise les gens par rapport à ça, on peut aider les autres à s’accepter pleinement quel que soit leur poids, quelle que soit leur silhouette. Je suis persuadée qu’il y aurait moins peut-être de troubles de comportement alimentaire. Qu’il y aurait moins de troubles liés à l’alimentation et au rapport au corps.

A votre tour de vous éveiller et de sensibiliser à la grossophobie !

C’est important pour faire avancer les choses que je vous transmette le bâton vous aussi.

Si vous avez encore des croyances grossophobes à déconstruire, je vous invite à vous intéresser à la grossophobie et à écouter les témoignages des personnes concernées.

Pourquoi ne pas s’abonner à des comptes, à suivre des associations contre la grossophobie ?

Vous pouvez suivre les comptes et sites ci-dessous :

Le compte de @stopgrossophobie (Shérazade Leksir) ; Livre : T’as un joli visage https://www.instagram.com/stopgrossophobie/?hl=fr
@graspolitique : Association de lutte contre la grossophobie (https://graspolitique.fr/) co-fondée par Daria Marx
@corpscools : https://corpscools.blogspot.com/
@lagrosseasso : Association de lutte contre la grossophobie (https://www.instagram.com/lagrosseasso/)

N’hésitez pas à lire et soutenir leurs travaux.

Vous pouvez également agir que ce soit en tant qu’alliée ou personne directement concernée. Si tous ensemble on se lie pour éveiller les consciences par rapport à ça, qu’on déconstruit les biais grossophobes que l’on a, on peut arriver à une société plus juste et inclusive. Une société respectueuse de tous. Et on ferait reculer la diet culture à grand pas !

Si tu veux enfin apprendre à déconstruire la grossophobie et travailler sur ta peur de grossir et cheminer en Alimentation Intuitive, n’hésite pas à vous t’inscrire sur ma liste d’attente ou à me contacter !

J’ai crée un accompagnement de groupe, un bootcamp sur le sujet du rapport au corps .On y voit notamment comment déconstruire la peur de grossir, notre grossophobie internalisée, notre vision de la beauté etc. Tu peux t’inscrire sur ma liste d’attente pour avoir les infos sur la prochaine session !

Partager cet article

Juliette The Last Quiche
Hey

C'est Juliette de The Last Quiche !

Retrouve ici tous mes articles de blogs pour t'aider à kiffer ta vie, manger des chips dans ton canap' sans culpabilité et vivre librement sans être obsédée par ce qu'il y a dans tes placards.

Catégories

conseils diet culture
Offert ❤

As-tu chopé ton guide gratuit ?

J'ai mis tous mes meilleurs conseils pour commencer à te libérer de la culture des régimes au même endroit. A lire dés maintenant !😉

A ne pas rater ❤

Si tu veux en savoir plus sur l'Alimentation Intuitive...

Ne manque pas mon starter pack "Intuitive Eating Theory " à prix mini (25€) qui regroupe tout ce qu'il te faut pour débuter en Alimentation Intuitive ou avancer tranquillement !

The Last Quiche