Le rééquilibrage alimentaire : ce régime déguisé

régime rééquilibrage alimentaire

Dans ce nouvel article/épisode (que vous pouvez écouter ci-dessus) j’aimerais vous parler du concept d’être « anti régime ». Quand je vous avais expliqué ce qu’était à mon sens la diet culture, je vous avais dit que l’utilisation du mot régime et du concept de « régime » ne faisait plus recette au profit du rééquilibrage alimentaire.

En effet, dire qu’on est au « régime » ou que l’on « fait un régime », c’est démodé. Beaucoup de diététiciens clament qu’ils ne proposent plus de régimes, car les régimes ça ne marche pas ; que la privation drastique, comme dans les régimes des années 90, est vouée à l’échec. Tout le monde reprend du poids, et ça beaucoup de gens l’ont bien compris.

On peut d’ailleurs voir dans les magazines féminins par exemple, dans la presse etc des articles à ce sujet. Des études ont en effet prouvé que 95% des personnes qui faisaient un régime ou qui ont fait un régime ont perdu du poids certes – mais l’ont tous repris sur une période de 2 à 5 ans et souvent avec un petit bonus !

Alors pourquoi parle-t-on en fait de de culture des régimes si tout le monde est d’accord que les régimes ça ne marche pas ?

En vrai, je vais tuer le suspense : bien sûr que les régimes existent toujours ! Mais c’est juste qu’ils ont changé de nom. Et cela, beaucoup de gens ont du mal à le comprendre ou du moins du mal à le concevoir.

L’arrivée du concept de rééquilibrage alimentaire

Pourquoi parle-t-on de rééquilibrage alimentaire et plus de régime ?

En effet, pour moi les nouveaux régimes ce sont les « rééquilibrages alimentaires ». On sait que le mot régime ne vend plus. On change de mot et de packaging en conséquence et on le « rebrande »  sous le nom de rééquilibrage alimentaire.

En effet, se priver fait que n’importe qui craque, ou du moins a envie de manger les aliments interdits. Les gens qui sont au régime jettent l’éponge à un moment donné. Ils se disent « non mais ça ne va plus pour moi, je vais arrêter de faire ce régime et je vais remanger comme avant ». Beaucoup de gens se disent alors que la restriction ça ne marche pas.

Mais on cherche toujours quand même à perdre du poids ! Car on ne peut pas rester gros selon la culture des régimes…😅 Ainsi pour perdre du poids intentionnellement, mais sans se priver vraiment drastiquement, la culture des régimes a inventé le nouveau concept de rééquilibrage alimentaire.

Sur le papier c’est très vendeur : comme son nom l’indique le but est de rééquilibrer son alimentation. Parce que avec le mot « rééquilibrer », on a l’impression que c’est juste remettre un équilibre qui a été rompu. On pense dont qu’il faut « juste » remettre des bonnes habitudes, arrêter de surconsommer des aliments qui ne sont pas « sains ». On pense devoir faire plus de sport et cetera etc. Le but serait donc d’être en bonne santé :  c’est là l’argument principal du rééquilibrage alimentaire.

Derrière la vision santé du rééquilibrage alimentaire : la grossophobie

Mais la vision de la santé véhiculée par les rééquilibrages est grossophobe : être en mauvaise santé, ce serait être gros. Et donc pour être en bonne santé, il faudrait perdre in fine du poids. On retrouve donc derrière l’idée de « santé » la peur de grossir et le fait de ne pas aimer son corps gros ou plus gros. L’argument santé du rééquilibrage est alors intrinsèquement grossophobe (et toc).

On retrouve alors cette injonction à perdre du poids. Avec la culture des régimes, on a toujours cette pression d’être notre version la plus mince possible. C’est donc tout à fait légitime d’avoir cette envie de perte de poids dans notre société grossophobe !

Mais cela montre bien que le rééquilibrage alimentaire surfe sur cette mode-là. Elle navigue sur le fait qu’on devrait tous rééquilibrer son alimentation et manger sainement. Car si on ne fait pas attention, on prend du poids… et donc ce n’est pas bien pour la santé. Vous voyez la grossophobie derrière ? Je vous invite à lire le dernier article sur le poids et la santé pour déconstruire quelques croyances ou deux à ce sujet 😉

En quoi le rééquilibrage alimentaire est un régime ?

Moi aussi, je me suis fait berner par le mot de rééquilibrage alimentaire.

Je trouvais que c’était sympa de vouloir remettre des légumes dans son alimentation etc.  Mais le problème c’est que le rééquilibrage alimentaire, même si le fond a l’air « sympa » ça entretient encore l’idée qu’il faut contrôler son alimentation.

Le rééquilibrage alimentaire implique quand même des règles à suivre. Je vais donc vous expliquer en quoi les rééquilibrages sont des régimes déguisés.

La catégorisation des aliments et la culpabilité dans le rééquilibrage alimentaire

Les rééquilibrages impliquent qu’il y a des bons aliments à privilégier donc il y a des aliments bons en fait pour nous, et il y a des aliments mauvais qu’il faut éviter au maximum.

Cela induit une catégorisation des aliments comme on peut voir dans les régimes. On évite de manger des produits gras, sucrés etc et en fait on ne s’écoute plus.

Certes, il y a peut-être des aliments plus intéressants nutritionnellement parlant. Mais cela ne justifie pas qu’on bannisse des aliments de notre alimentation. Notre corps sait très bien gérer tous les types d’aliments. C’est ce qu’on voit chez les mangeurs intuitifs : quelqu’un qui s’autorise de tout, à manger de tout ne surconsomment pas des pizzas toute la journée, tous les jours, toute la semaine…

 Les rééquilibrages en fait entretiennent cette idée-là qu’il faut cadrer son alimentation parce que sinon on fait « n’importe quoi ». Certains aliments sont donc limités (produits gras et sucrés etc) et d’autres sont encensés (les légumes, les fruits, les céréales complètes..).

On retrouve le même côté que les régimes : on surconsomme les « bons » aliments comme le fameux fromage blanc à 0% ou les légumes… Et donc parfois, on va manger des aliments que le corps ne réclamait pas. On se retrouve alors à craquer sur les aliments « mauvais » comme dans un régime classique.

Puis, le corps n’aime pas la privation. On a l’impression de ne pas être au régime car c’est très pernicieux. Mais le fait de restreindre des aliments, d’avoir un vocabulaire qui est très négatif par rapport à des aliments, d’en éviter certains etc : cela nourrit le même sentiment de frustration.

On le voit d’ailleurs dans les contenus liés aux rééquilibrages alimentaires. On retrouve souvent ce 80% d’aliments sains, 20% d’aliments trash de junk-food qu’il faut éviter au maximum.

Et le souci c’est que quand on mange un aliment dit « mauvais », notre tête on se dit : « Ah non mais je ne devrais pas » (culpabilité) ou « Ah non mais en fait j’aurais dû éviter de manger ça ». On est donc encore dans la culture des régimes même si ça s’appelle un rééquilibrage.

On est encore dans ce côté noir/blanc. Il faut en réalité comprendre que quand on mange des aliments, ce qui est important c’est d’avoir une certaine sécurité alimentaire dans notre tête. C’est de pouvoir se dire « je m’autorise à manger cet aliment-là et j’y ai accès quand je veux ».

Le problème avec ces pensées de culpabilité et de restriction, c’est que cela va vraiment court-circuiter les circuits de plaisir et de sécurité alimentaire dans le cerveau. On ne sent pas rassurés et donc on ne peut pas éprouver du plaisir en mangeant ce genre d’aliment. La culpabilité et la privation future vont prendre trop le dessus.

Cela reste alors une privation et une restriction pour le cerveau et notre organisme. Même si on se l’autorise d’un côté pratique, on est quand même en train de se restreindre dans la pensée et de se juger.

Les quantités sont restreintes et/ou contrôlées comme dans un régime

On restreint les quantités comme dans un régime. Exemple avec l’huile d’olive : on va dire que l’huile d’olive c’est bien, donc il faut en manger. Il n’y a pas de restriction par rapport aux huiles. Mais on va quand même se dire « il ne faut pas en abuser ». Il faut mettre juste une cuillère d’huile par personne. Mais quid du jour où le corps a besoin de 2 cuillères d’huile d’olive ? quid du jour où il a besoin d’huile d’olive et de beurre en même temps ? De plus de matières grasses ? Quand on veut plus d’huile d’olive mais qu’on en met qu’une cuillère, c’est une restriction. Cet exemple vaut bien sûr pour d’autres aliments !

De plus cela entraîne une mentalisation de l’alimentation parce qu’on est toujours en train de mesurer mine de rien son alimentation. Cela peut générer une frustration si cela ne correspond pas à nos vrais besoins (qui sont sous-estimés souvent) et à nos envies véritables.

On est déconnecté de nos besoins et de nos sensations alimentaires dans un rééquilibrage

Ces limites nous déconnectent de nos besoins et nous éloignent de nos sensations alimentaires. Je sais que beaucoup de rééquilibrage tendent à dire qu’on mange à notre faim etc qu’on s’écoute. Mais ce n’est pas vrai. On a tendance à surconsommer des aliments qu’on ne voulait pas mais qui sont « bons » pour notre santé comme les légumes par exemple. On peut certes se retrouver physiquement à satiété c’est-à-dire qu’on a plus faim sur le papier, notre estomac est plein. Mais au final on se retrouve souvent sur notre faim car pas satisfaits pleinement.

On peut se sentir physiquement rassasié physiquement car on est plein de ce qu’on a mangé (exemple : une bonne salade avec plein de protéines etc). Mais le corps peut avoir encore faim : il réclame en fait les aliments qu’il n’a pas eu (avec des envies mentales par exemple).

De plus on nous encourage dans les rééquilibrages à manger quand on a faim. Mais on nous encourage aussi à s’arrêter systématiquement à la satiété et ne pas arriver à satisfaction complète. Beaucoup de gens en rééquilibrages se retrouvent à manger des repas certes complets, mais des repas qui ne sont pas satisfaisants. Dans le sens où peut-être il n’y a pas assez de gras par rapport aux besoins de la personne en question. Peut-être qu’il n’y a pas assez de sucre ou de féculents par rapport aux besoins de la personne ou peut-être pas assez plaisants aux papilles tout simplement.

On se retrouve donc pleins mais on n’est pas satisfaits (d’où la recherche du Snickers au goûter par exemple). Les rééquilibrages surfent sur cette vague de régimes de faim et de satiété. La satiété c’est la disparition de la faim, qui peut arriver en quelques bouchées seulement. Le rassasiement c’est la disparition de l’envie de manger, c’est à dire quand on se sent satisfait par son repas.

Et le problème à s’arrêter quand on a plus faim est que si on dépasse notre faim, c’est une faute selon les rééquilibrages. Si on mange par gourmandise ou envies, c’est mauvais ou il faut le faire que très rarement. Et c’est ça aussi le problème avec le rééquilibrage : on stigmatise beaucoup le plaisir et la satisfaction. On ne pourrait pas manger juste par envie, par plaisir.

C’est le cas par exemple des cheat meal. Les rééquilibrages proposent des cheat meals : il y a ce côté « il faut se faire plaisir…mais avec modération ». Il faut savoir se faire plaisir, « un petit plaisir de temps en temps » mais cela reste restreint et contrôlé.

Beaucoup de gens disent en rééquilibrage qu’ils gardent du plaisir avec leurs fameux 2 carrés de chocolat après le repas. On voit que le plaisir est limité, quantifié et restreint. Que ce soit en termes d’horaires, en termes de jour. Par exemple le dimanche ou le week-end où on peut se faire plaisir et la semaine on retourne au rééquilibrage)…

Il y a beaucoup de gens qui vont dire qu’ils sont flexibles dans des rééquilibrages. Mais s’autoriser certains aliments juste à certains moments de la semaine, à certains moments de la journée, etc alors qu’on en a envie entretemps : c’est de la restriction.

Le problème avec le rééquilibrage alimentaire

 Les rééquilibrages alimentaires sont donc problématiques car :

  •  Ils véhiculent l’idée qu’on doit contrôler en fait notre alimentation et qu’on est incapable de manger équilibré. On ne pourrait pas manger par rapport à nos besoins, nous écouter sans forcément nous contrôler.
  • Il nous destitue en fait de notre place d’expert de notre corps en mettant des règles extérieures à notre alimentation. On perd notre habilité à être mangeur intuitif. On perd notre habilité à nous écouter et à répondre à nos besoins de manière autonome.
    On perd réellement notre autonomie et notre indépendance par rapport à notre alimentation.
  • La restriction cognitive que le rééquilibrage entretient favorise les privations, la frustration :  ça donne les mêmes effets qu’un régime.

C’est d’ailleurs pour ça en fait qu’on perd du poids en rééquilibrage : c’est que c’est pareil qu’un régime ! On ne maigrit pas en raison de la nature des aliments qui sont consommés. Ce n’est pas parce que on mange plus de légumes etc. C’est que que à force de se bourrer de légumes et d’éviter le sucre et le gras on arrive à un déficit calorique qui fait que techniquement on perd du poids.

On revient toujours à ce constat que le rééquilibrage vous fait croire qu’il sait mieux que vous ce dont votre corps a besoin. Il vous met des règles et c’est un nouveau régime.

C’était ça le problème avec les régimes : ce n’était pas tant que c’était drastique ! C’est que l’alimentation est mentalisée, devient une souffrance et source de culpabilité. Elle ne devient plus source de plaisir car le plaisir est contrôlé et stigmatisé.

La reprise du poids perdu en rééquilibrage alimentaire

Le rééquilibrage est un régime. Comme tous les régimes, il suffit d’arrêter le rééquilibrage, de se « laisser aller », de « se lâcher » pour reprendre le poids perdu ; et en plus on se retrouve avec une peur intense de grossir ou de regrossir.

Si le corps avait atteint un certain poids et si le corps a un certain poids, c’est peut-être que c’est notre morphologie.

Vous n’avez pas besoin de contrôler votre poids et votre corps car le corps a un set point. Le set point est la fourchette de poids ou le corps fonctionne de manière optimale sans restriction et sans sport à outrance)

 Votre corps voudra retourner au poids auquel il est programmé. Donc que ce soit une perte de poids rapide ou non, que ce soit un régime drastique ou non, votre corps va vous faire manger plus à un certain moment pour compenser le déficit. Il va essayer de revenir à son poids de forme.

Conclusion : perdre du poids intentionnellement ne marche pas

Les rééquilibrages, les régimes et autres tentatives de contrôle du poids sont voués à l’échec dès le départ. Les dés sont pipés, et ce n’est pas lié à votre volonté !

Ce n’est pas votre faute : c’est la biologie et le fonctionnement physiologique du corps qui explique cela. Ne contrôlez pas votre alimentation dans le but de peser un certain poids et ne réfrénez pas vos envies. N’essayez pas de couper votre faim : écoutez-vous et reprenez cette autonomie !

Si vous avez un passé de restrictions, de régimes, ne commencez pas un nouveau rééquilibrage ou une nouvelle méthode de perte de poids parce que le packaging vous attire. Spoiler alert : ça ne marchera pas.

En vrai prendre soin de sa santé, ça passe plutôt par ne pas se priver et ne pas restreindre son alimentation. D’ailleurs, les gens qui ne sont pas au régime et qui mangent vraiment de manière intuitive sont en meilleure santé que des personnes qui justement enchaînent les régimes et se privent.

Je vous conseille vivement d’arrêter de faire la guerre avec votre alimentation et votre corps. Ce n’est pas facile et c’est légitime de vouloir perdre du poids. Mais à mon sens se réconcilier avec la nourriture, c’est la seule option viable et durable qui existe pour votre santé physique, pour votre santé mentale, pour votre vie tout simplement !

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6 Responses

  1. Bonjour,
    Tout est dit dans cette article bravo. J’ai essayé le fameux rééquilibrage alimentaire chez une diététicienne. Pourtant je lui avais expliqué que j’essayer l alimentation intuitive, justement. Je suis quand même ressortit du rendez vous avec des règles à respecter. Plus de sport. Remplacer tel aliment pas celui là moins calorique plus rassasiant. Résultat je craquais plus, j’étais frustrée. Alors j ai arrêté d’aller au rendez vous et de payer encore pour un régime déguisée. Je me suis instruit, documentée. J ai suivi les conférences en ligne du GroS groupe de réflexion sur l’obésité et le surpoid. J applique les conseils de l alimentation intuitive.et surtout fini le contrôle. C’est le no stress. Et je perds du poids. Mon objectif trouver mon poids d equilibre ni plus ni moins.

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