Aujourd’hui, nous allons parler du « summer body », une injonction qui revient chaque année et qui, personnellement, me laisse toujours perplexe.
On pense souvent que cette notion de « summer body » est dépassée, mais finalement, nous sommes encore confrontés aux mêmes pressions : maigrir, se préparer pour la plage, et ainsi de suite.
L’été est une saison qui génère beaucoup d’angoisse pour beaucoup de personnes.
Les sondages confirment cette tendance : selon un récent sondage Ifop, plus d’un Français sur deux se sent anxieux à l’idée de se montrer en maillot de bain sur la plage.
De plus, 93 % des Françaises se préparent activement pour la plage, que ce soit par des régimes, des soins de la peau ou d’autres moyens de se conformer à ces attentes.
😥 Nous sommes nombreux à ressentir cette anxiété à l’idée de porter des tenues légères ou de se montrer en maillot de bain durant l’été. C’est pourquoi j’ai décidé de consacrer cet article à la notion de « summer body » et à ses origines…et ses problématiques.
Dans cet article, je vais donc partager mon avis sans détour sur le « summer body » et vous proposer des pistes pour relativiser cette pression.
Vous pouvez écouter l’épisode de mon podcast Reset ton assiette correspondant à cet article ici !✅
L’injonction d’atteindre ou d’avoir son summer body
Comme je l’ai mentionné dans l’introduction, je pensais que le concept du « Summer Body » allait progressivement disparaître. Le terme lui-même semble un peu vieilli, mais non, il persiste.
Que veut dire summer body ?
« Summer Body » signifie littéralement « corps pour l’été », et il est souvent appelé « Bikini Body » par les adeptes de fitness, ou encore « Beach Body ». En somme, il désigne un corps esthétiquement plaisant et athlétique, prêt pour l’épreuve du maillot de bain.
Chaque année, à l’approche de l’été, ce concept refait surface, accompagnée de l’injonction d’avoir un corps dont on est fier pour affronter le maillot de bain 👙 (dont on dit que c’est une « épreuve ! »)
Le concept de « Summer Body » rappelle à mon sens un marathon, une préparation intense qui commence des mois à l’avance avec des régimes et des exercices,
tout cela pour être prêt pour ces rares moments en maillot de bain, qui représentent peut-être 3 % de notre temps annuel.
Personnellement, si je calcule le nombre d’heures que je passe en maillot de bain sur une année, ce n’est pas beaucoup. Etant dans le nord de la France, nous avons moins d’opportunités de porter un maillot comparé à ceux vivant à Nice 😅
Bref, cette préparation intense pour le Summer Body ressemble – je trouve – à celle d’une dinde pour Thanksgiving. On se prépare à passer à la casserole, littéralement.
Par curiosité, je me suis intéressée à l’histoire de cette notion. Je pensais que le Summer Body était un phénomène marketing récent, datant d’une ou deux décennies au maximum. Pourtant, il s’avère que cette injonction est plus ancienne qu’il n’y paraît 🤷♀️
Le summer body : des origines qui viennent des années 1920s
Quand je me suis penchée sur les origines du « Summer Body », j’ai découvert que ce concept est loin d’être récent.
En réalité, il remonte aux années 1920.
➡ C’est à cette époque que les maillots de bain ont commencé à devenir populaires, car les gens ont commencé à se baigner de plus en plus fréquemment. L’essor des congés payés a également contribué à cette tendance.
Dans les années 1920 et 1930, de nombreuses personnes ont commencé à fréquenter les plages, ce qui a naturellement soulevé la question de la tenue de bain.
À l’époque, l’enjeu n’était pas tant d’être mince, mais plutôt de ne pas porter des vêtements de bain trop révélateurs.
Il y avait des normes strictes sur la longueur des maillots, et les femmes pouvaient même être arrêtées si leur maillot était jugé trop court (!).
C’est intéressant de voir comment les préoccupations ont évolué, passant de la décence à la minceur et à la performance corporelle.
Au fil du temps, les maillots de bain sont devenus plus légers et plus révélateurs,
et l’idée de montrer un corps performant a pris de l’importance.
Dès les années 1920, les journaux et magazines féminins ont commencé à publier des conseils sur la façon d’être belle et en forme sur la plage. Ils encourageaient les femmes à avoir une silhouette élancée et des muscles toniques. On parlait déjà de régimes et d’exercices pour obtenir le « corps idéal ».
Un concept de summer body qui s’est intensifié en une injonction supplémentaire
Le concept de « Summer Body » s’est intensifié avec le temps.
➡ À l’origine, il s’agissait de montrer que l’on appartenait à une classe sociale supérieure, qu’on était stylé et mince, contrairement à la classe populaire perçue comme plus « grasse ».
Il y avait aussi des connotations de santé : être mince était associé à être en meilleure santé.
Les magazines féminins de l’époque ont commencé à établir des standards chiffrés pour une silhouette idéale, renforçant ainsi ces injonctions.
Des exercices, des régimes et des programmes pour atteindre le fameux summer body
👉 Aujourd’hui, le « Summer Body » inclut également l’idée d’être bronzé et tonique. Les figures du fitness sur les réseaux sociaux (les fitgirls) ont popularisé des programmes tels que le « Bikini Body ».
Ces programmes promettent de transformer le corps en 30 jours grâce à des exercices quotidiens. Cela perpétue l’idée qu’avec un peu de volonté et 30 minutes d’exercice par jour, on peut obtenir un corps parfait pour la plage. C’est une vision très simpliste et irréaliste du corps qu’on garde toujours à l’approche de l’été.
Pourquoi le concept de summer body est problématique
Le concept de « Summer Body » soulève plusieurs problématiques majeures.
1ère idée : le fait qu’on puisse changer notre corps en fonction des saisons, comme une mode
L’idée qu’on puisse ou qu’on doive changer notre corps en fonction des saisons est absurde.
Bien que le corps puisse effectivement varier selon les habitudes alimentaires et les niveaux d’activité physique saisonniers,
l’injonction de devoir modifier son corps spécifiquement pour l’été est particulièrement contraignante.
Cela renforce l’idée que notre corps est un objet malléable à transformer à volonté, comme un sac à main ou un vêtement, ce qui est non seulement irréaliste mais aussi dommageable.
Notre corps n’est pas un bloc d’argile à sculpter selon les modes saisonnières.
2ème idée : l’illusion de la transformation physique facile et rapide
Le « Summer Body » véhicule l’idée que perdre du poids et se muscler peut se faire facilement et rapidement, souvent en quelques semaines 🤷♀️
C’est une vision simpliste et fausse de la réalité.
On ne peut pas perdre du poids facilement, rapidement et avec une perte viable.
Cette pression peut mener à des comportements malsains et à des régimes qui sont inefficaces à long terme et peuvent même être dangereux pour la santé.
3ème idée : le summer body nous met une pression et crée une instance de jugement supplémentaire
Le concept de « Summer Body » transforme la plage et l’été en tribunal,
où les corps des autres sont jugés et évalués.
Cela crée une pression énorme pour se conformer à des standards esthétiques spécifiques.
Puis cela alimente une culture de jugement et de critique. Cette pression sociale peut mener à une anxiété accrue, empêchant les gens de profiter pleinement de leurs vacances. Les plages devraient être des lieux de détente et de plaisir, non des espaces de jugement 🤷♀️
4ème idée : le summer body est grossophobe, validiste, raciste et sexiste 😬
Le « Summer Body » est intrinsèquement grossophobe car il promeut un idéal de minceur. Cette injonction exclut et stigmatise les personnes avec des corps plus grands, renforçant les préjugés et les discriminations basées sur la taille corporelle. Elle renforce l’idée que seul un corps mince est digne d’être montré et apprécié.
Puis le summer body est raciste : les images et les idéaux associés au « Summer Body » sont souvent ceux de femmes blanches, minces et blondes. Cela exclut les personnes noires et racisées et renforce des normes de beauté eurocentriques, discriminant ainsi les personnes qui ne correspondent pas à ces standards.
Puis c’est sexiste : le « Summer Body » cible principalement les femmes, bien que les hommes peuvent aussi avoir des pressions similaires. Cependant, les injonctions envers les femmes sont souvent plus nombreuses et plus sévères. Cela perpétue l’idée que la valeur d’une femme est en grande partie définie par son apparence physique.
Le concept de « Summer Body » est aussi validiste, car il présuppose un corps valide, capable de suivre des programmes d’exercices intensifs et de se conformer à des normes de beauté exigeantes. Cela exclut les personnes handicapées ou celles qui ne peuvent pas faire de l’exercice de manière intensive pour diverses raisons de santé.
Pourquoi il faut arrêter de promouvoir le summer body
La promotion du « Summer Body » a des impacts négatifs sur la santé mentale et physique. Elle peut mener à des troubles alimentaires, à une image corporelle négative et à une baisse de l’estime de soi.
En outre, elle renforce les inégalités et les discriminations existantes en valorisant certains types de corps tout en dévalorisant d’autres 🤷♀️
Prenons soin de nous et de nos proches en rejetant les injonctions toxiques et en valorisant la diversité des corps.
Pour l’été, comme pour le reste de l’année, rappelons-nous que notre valeur ne dépend pas de notre apparence physique et que chaque corps mérite d’être respecté et célébré tel qu’il est 💖
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