Aujourd’hui, nous allons nous pencher sur l’IMC et la croyance selon laquelle il faut surveiller son IMC pour être en bonne santé.
On entend souvent que si on a un IMC élevé, cela signifie qu’on est en mauvaise santé. Alors qu’en réalité c’est plus complexe que ça !
Je vous encourage d’ailleurs à lire cet article sur le poids, où je passe en revue de nombreux mythes sur les régimes et où j’explore ce qu’ils représentent réellement ou mon article sur le poids de forme.
Dans cet article spécifiquement, nous allons nous pencher plus spécifiquement sur l’IMC et comprendre pourquoi cet outil est devenu obsolète.
Pour écouter l’épisode de mon podcast Reset ton assiette correspondant c’est ici !⬇️
Bonne lecture !
Qu’est-ce que l’IMC ? Définition et origine de cet indicateur
Comment calcule-t-on l’IMC ?
L’IMC, ou indice de masse corporelle, est une mesure basée sur la taille et le poids selon une formule précise : IMC = poids en kilos divisé par la taille au carré (en mètres). Il est supposé évaluer le statut pondéral, et on estime qu’un IMC « normal » se situe entre 18,5 et 24,9.
En dessous ou au-dessus, on est considéré hors des normes de santé selon cette mesure. C’est un concept que la culture des régimes nous répète souvent.
Pourquoi et comment l’IMC a-t-il été créé ?
Il est important de comprendre que l’IMC a été créé au 19e siècle par un statisticien nommé Adolphe Quetelet.
Lui-même utilisait cet outil à des fins statistiques, non pour diagnostiquer la santé des individus.
À l’origine, il ne cherchait pas à indiquer si une personne était en bonne santé ou non, mais à classifier la population. De plus, il faut savoir que ses études concernaient principalement des hommes blancs.
L’IMC est donc un outil statistique historique, qui ne tient pas compte des diversités ethniques ou des autres caractéristiques individuelles.
Une utilisation controversée et non prévue pour indiquer la santé des gens
Adolphe Quetelet avait d’ailleurs mis en garde contre l’utilisation de l’IMC à des fins de diagnostic médical, rappelant qu’il s’agissait uniquement d’une mesure statistique.
Pourtant, aujourd’hui encore, nous utilisons un outil datant du 19e siècle, destiné à des statistiques de population, comme si c’était un indicateur de santé fiable. Pourquoi ? Parce que c’était pratique. On s’est dit que cela permettait de surveiller le poids, et voilà comment l’IMC a été utilisé pour diagnostiquer une supposée « santé pondérale », bien qu’il n’ait jamais été conçu pour cela.
Les limites de l’IMC pour évaluer la santé
Nous vivons dans une société grossophobe, qui associe l’IMC à la santé et le poids à la qualité de cette santé. Cependant, cette corrélation n’est pas forcément vraie.
En fait, l’IMC est obsolète pour plusieurs raisons.
D’abord, c’est un outil ancien qui n’a pas été actualisé.
Ensuite, il est utilisé à des fins de diagnostic, alors qu’il n’a jamais été conçu pour cela.
Des experts, comme le chercheur Benoît Arsenault, professeur à l’Université Laval, estiment que l’IMC n’est plus pertinent.
Des études démontrent son manque de pertinence comme indicateur de santé
Benoît Arsenault, dont les domaines de spécialisation incluent la génétique, les lipides et la nutrition, a mené plusieurs études sur le sujet, notamment une étude publiée en avril 2024, qui démontre les limites de l’IMC. Cela m’a donné envie de consacrer cet article à ce sujet, car il est essentiel de déconstruire cette idée reçue issue de la culture des régimes.
Dans son étude, intitulée Adiposity, Type 2 Diabetes, and Atherosclerotic Cardiovascular Disease Risk: Use and Abuse of the BMI Index, Arsenault et ses collègues démontrent les limitations majeures de l’IMC en tant que mesure de santé.
En particulier, il montre que les recommandations traditionnelles, telles que « manger moins et bouger plus », ne sont pas viables. Ce qui compte réellement pour la santé, c’est d’encourager les gens à être plus actifs physiquement et à adopter une alimentation variée sur le long terme.
L’IMC ne distingue pas la masse musculaire et la masse graisseuse, et ne prend pas en compte la disposition corporelle
L’IMC ne tient pas compte de la composition corporelle ni de la distribution de la graisse dans le corps. Ce qui est plus nocif pour la santé, c’est la graisse viscérale, située en profondeur dans l’abdomen. Or, l’IMC n’apporte aucune information sur la manière dont le poids est réparti ou sur la composition du corps.
L’IMC est insensible à des aspects physiques comme la densité osseuse ou la masse musculaire. Par exemple, un sportif comme Teddy Riner serait considéré comme obèse selon l’IMC, alors qu’il est en parfaite santé.
Il ignore les différences ethniques et raciales et génétiques
De plus, l’IMC ignore complètement des éléments aussi fondamentaux que la race, le sexe, le genre ou l’âge. C’est un outil aveugle, qui ne fait pas la différence entre une personne afrodescendante et quelqu’un d’origine slave ou germanique.
En réalité, nous avons tous des phénotypes différents, et notre poids peut varier en fonction de notre origine.
L’IMC ne voit rien de tout cela : il ne tient pas compte du sexe, pourtant celui-ci a une incidence sur le poids, ni de l’âge, qui influence aussi la répartition des graisses. C’est une approche simpliste qui réduit la diversité des corps humains à deux simples mesures.
L’IMC est démenti par la génétique et les facteurs psychosociaux. Il ne prend pas en considération les influences environnementales ou sociales sur le poids, ni les prédispositions génétiques qui peuvent expliquer un IMC élevé.
Pourquoi l’IMC est stigmatisant, pro-restrictions et ne reflète pas notre état de santé réel
Il ne prend également en compte que 2 critères : le poids, la taille et éventuellement l’âge, ce qui est bien trop réducteur pour refléter la réalité de la condition physique d’une personne.
Puis, l’IMC favorise la promotion des régimes et de la perte de poids, créant un cercle vicieux.
Car pour soi disant être en bonne santé, il faudrait forcément perdre du poids intentionnellement alors que rien n’est garanti.
Les régimes restent la « solution » que les professionnels de santé vont vous donner pour faire baisser l’IMC…sans prendre en compte les risques des régimes, même sur le poids.
Sa prise en compte nourrit la grossophobie médicale
Puis, l’IMC discrimine également les personnes en surpoids, car il leur impose un standard basé uniquement sur leur poids, sans tenir compte d’autres facteurs de santé.
Cela alimente la grossophobie, en particulier dans le domaine médical, où les personnes en surpoids rencontrent souvent des obstacles à l’accès aux soins.
L’IMC, comme je vous disais, est très limité car il a été conçu à la base pour des hommes blancs, et il ne prend pas en compte d’autres aspects essentiels. Il se contente d’utiliser deux indicateurs, la taille et le poids, sans prendre en considération des facteurs qui influencent réellement la santé.
Ce n’est pas simplement ce que nous mangeons ou l’exercice que nous faisons qui détermine notre poids. Il y a bien d’autres facteurs en jeu qui seraient intéressants à creuser et promouvoir.
Pourquoi l’IMC est une barrière à l’accès à la santé et son développement
Il discrimine l’accès aux soins médicaux
Un autre problème majeur de l’IMC est son impact sur l’accès aux soins.
De nombreux soins médicaux ou procédures, y compris l’accès à la procréation médicalement assistée (PMA) ou certaines opérations, sont refusés aux personnes ayant un IMC élevé.
Cette discrimination, basée sur un indicateur aussi imparfait, est renforcée par la grossophobie médicale, qui pousse à négliger les besoins réels des patients ayant un poids plus élevé.
Et qui n’aident pas les personnes grosses à être en meilleure santé si ce n’était pas le cas, ou la surveiller.
Il ne donne pas d’indication aux professionnels pour améliorer la santé de leurs patients
L’IMC n’est pas un indicateur pertinent pour évaluer les habitudes de vie à changer. Il ne peut pas dire à un médecin quels ajustements une personne doit apporter à son mode de vie.
Il est aussi important de souligner que l’IMC ne change pas nécessairement même si une personne adopte des habitudes de vie plus saines. Par exemple, quelqu’un peut faire du sport, améliorer son alimentation et arrêter de fumer, et pourtant voir son IMC rester stable.
Cela ne signifie pas que les efforts étaient vains ou que la santé de cette personne ne s’est pas améliorée.
En fait, l’IMC ne prend pas en compte d’autres indicateurs importants comme les résultats d’une prise de sang, qui pourraient montrer des améliorations significatives même si le poids n’a pas baissé.
Cet outil est donc très limitant, car il ne reconnaît pas que l’amélioration de la santé n’est pas forcément liée à la perte de poids.
Pour la prédiction des maladies chroniques : un outil peu fiable
Enfin, l’IMC ne prédit pas l’apparition de maladies chroniques.
Avoir un IMC élevé ne garantit pas que vous développerez du diabète ou des maladies cardiovasculaires. Ce n’est pas une boule de cristal qui peut prédire l’avenir de votre santé.
Attention donc aux raccourcis qui se basent sur une simple mesure d’IMC.
Se focaliser sur d’autres indicateurs et critères pour promouvoir des habitudes santé
En résumé, l’IMC présente de nombreuses limites. Si quelqu’un vous dit de faire attention à votre IMC, vous pouvez lui citer ces arguments qui démontrent que cet indicateur est dépassé et inadapté pour évaluer la santé.
Comme le montrent les recherches de Benoît Arsenault et d’autres études, l’IMC ne contribue pas nécessairement à une meilleure santé.
Il ne faut donc pas nécessairement s’inquiéter si votre IMC est élevé, surtout si vous avez mis en place des habitudes de vie plus saines et que d’autres indicateurs plus pertinents sont au vert !
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