Aujourd’hui j’aimerais revenir sur le concept des « kilos émotionnels » que je vois partout, et surtout en quoi il est problématique.
J’aimerais expliquer ici pourquoi il faut arrêter de croire que les émotions sont forcément à l’origine de vos compulsions alimentaires et sont à « gérer »/contrôler.
J’aimerais revenir dans cet article sur l’alimentation dite émotionnelle, et rappeler quand elle est *vraiment* dysfonctionnelle, et ce qui est important à considérer d’abord !
Bonne lecture !😉
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Bonne lecture !
Qu’est-ce que les kilos émotionnels ?
Une définition courante des kilos émotionnels
Le concept de ‘kilos émotionnels’ vient de l’idée selon laquelle certaines femmes prendraient ou auraient pris du poids en raison de leurs émotions.
On attribue ainsi leur poids à une gestion jugée « non optimale » de ces émotions, et on suggère que ces kilos pourraient être perdus en travaillant sur les émotions.
Origine du concept et influence de la culture des régimes
C’est un concept assez récent et qui a des origines grossophobes.
Cette idée qu’on aurait des kilos émotionnels est dérangeant car elle « psycho-pathologise » le poids.
Dire que quelqu’un a des kilos émotionnels revient à sous-entendre que son poids élevé est un problème psychologique ou émotionnel, ce qui, selon moi, est extrêmement violent.
Ce type de discours implique que les personnes grosses ont des problèmes émotionnels ou mentaux, et que leur poids serait le résultat de ces troubles. On suggère qu’en se libérant de leur « fardeau émotionnel », elles pourraient devenir plus minces.
Les croyances associées aux kilos émotionnels : réalité ou mythe ?
La grossophobie sous-jacente
Cette vision est grossophobe, car elle renforce l’idée qu’une personne grosse serait forcément une personne « dysfonctionnelle », « ensevelie sous des couches de gras » à cause de problèmes dans sa vie.
Alors que la diversité corporelle existe et on a pas besoin de justifier ses kilos ou son poids élevé par ses émotions.
Pourquoi ne pas simplement accepter que certains corps sont gros, point final, sans chercher à justifier ou expliquer cela par des traumas ou des difficultés émotionnelles ?
Relier systématiquement les émotions au poids, comme le fait ce concept, revient à culpabiliser les personnes grosses en leur disant qu’elles sont responsables de leur état corporel. Cela nie également le fait que nous ne pouvons pas toujours contrôler notre corps.
Même si une prise de poids est liée à des événements émotionnels, cela ne signifie pas que résoudre ces problèmes entraînera forcément une perte de poids.
Et pourquoi devrait-on chercher à perdre ces kilos ? Cela reflète une obsession grossophobe et une perpétuation de la culture des régimes.
Le corps « bouclier » ou armure en réponse à certains traumas, événements ou émotions
Un autre aspect dérangeant du concept des kilos émotionnels est le discours selon lequel le corps serait une « armure » ou un « bouclier ».
Cette idée suggère que les personnes grosses se protégeraient du monde en « se cachant sous du gras ».
C’est une manière violente de présenter les choses, insinuant qu’être gros équivaut à un « suicide social », à une stratégie pour se rendre indésirable.
Imaginez entendre cela si vous êtes gros : que votre corps serait une sorte de carapace censée vous protéger des autres. C’est profondément choquant et culpabilisant. Et cela renforce l’idée que le poids est un problème qu’il faut résoudre.
Les kilos émotionnels et alimentation émotionnelle : un concept genré, essentialiste et sexiste
Enfin, ce concept est également problématique car il est genré. Il s’adresse majoritairement aux femmes, sous-entendant qu’elles auraient davantage de problèmes avec leurs émotions que les hommes.
Cela me rappelle l’hystérie, un terme historiquement utilisé pour pathologiser les femmes à cause de leur utérus.
On perpétue ainsi des stéréotypes sur les femmes, vues comme émotionnelles par nature, alors que cela découle souvent d’une construction sociale liée au genre.
Ce lien entre émotions, poids et féminité est encore renforcé par des mouvements comme le « féminin sacré » ou certaines spiritualités qui sacralisent cette connexion.
Je reste critique face à ces courants qui, bien que populaires, me semblent souvent renforcer des stéréotypes genrés.
L’alimentation émotionnelle : un processus naturel
Pourquoi blâmer les émotions est problématique ?
Les émotions ne sont pas des choses à craindre. Pourtant, dans le concept de « kilos émotionnels », il y a cette idée qu’on doit avoir peur des émotions, car elles nous feraient prendre du poids.
C’est un problème. On dit souvent que ce sont nos émotions qui nous font manger, et oui, elles peuvent participer à ce processus. Mais il est normal de manger de manière émotionnelle.
C’est quand on utilise la nourriture comme seul outil de régulation que là oui la relation peut sembler dysfonctionnelle.
La vraie cause des compulsions : émotions ou restrictions ?
Beaucoup de femmes pensent manger par émotions…alors que ce n’est pas vraiment le cas.
Prenons l’exemple qui revient souvent : de nombreuses femmes disent que, le soir, après une journée de travail, alors qu’elles doivent préparer le repas et gérer leur « deuxième journée » (la charge mentale que beaucoup de femmes connaissent), c’est à ce moment-là que cela dérape en compulsion.
Elles mangent, mangent, et mangent encore, souvent parce qu’elles sont stressées ou frustrées.
Mais j’invite vraiment à retourner cette logique. Selon moi, les émotions participent à ces instants de compulsions alimentaires, mais elles ne sont pas la cause principale. La cause, c’est souvent la restriction.
Mais du coup, c’est surtout cette restriction qui nous pousse à manger, et on croit alors que ce sont nos émotions qui en sont responsables.
En réalité, les émotions mettent le feu aux poudres, mais la poudre est déjà là.
Cette poudre, c’est la restriction.
La restriction cognitive, un facteur clé méconnu
Avant de parler d’émotions liées à l’alimentation, j’insiste sur l’importance de considérer la restriction calorique et/ou cognitive.
Trop souvent, des femmes pensent « manger leurs émotions », alors qu’en réalité, leur comportement alimentaire est influencé par des restrictions conscientes ou inconscientes.
Peut-être y a-t-il eu de la restriction cognitive dans la journée ou sur une période plus longue, et c’est cette restriction qui fait que, dès qu’une émotion désagréable survient, on se met à manger.
La restriction cognitive, ce n’est pas seulement se restreindre dans les faits, c’est aussi avoir des pensées comme « je ne devrais pas manger ça » ou « j’ai mangé du chocolat, je suis vraiment nul(le) ».
Ce genre de pensées, à la longue, crée des compulsions alimentaires. Cela a été prouvé. Si vous avez des compulsions aujourd’hui, ce n’est probablement pas à cause de vos émotions.
Les émotions y participent peut-être à 1 %, mais à côté de cela, il y a 80 % d’autres facteurs, dont la restriction cognitive.
Vous trouverez plus d’infos sur la restriction cognitive ICI.
La restriction cognitive et les régimes entravent notre capacité à réguler naturellement nos émotions
De plus, la restriction cognitive empêche une régulation émotionnelle correcte. Par exemple, une personne qui aurait besoin de réconfort voudrait peut-être manger du chocolat.
Mais si cette personne s’interdit de manger du chocolat parce qu’elle le perçoit comme « mauvais », elle bloque une régulation émotionnelle naturelle. À long terme, cela peut entraîner des compulsions.
Dans cet exemple, ce n’est donc pas la faute des émotions, mais bien le fait qu’on ne répond pas à nos envies émotionnelles et à nos besoins fondamentaux de régulation.
Réguler ses émotions par l’alimentation est naturel. Lorsqu’on s’interdit de le faire, on peut se retrouver avec une régulation émotionnelle dysfonctionnelle, ce qui aboutit à des compulsions.
Comment alors mieux vivre ses émotions autrement que la nourriture ? – Alimentation et émotions
Accueillir ses émotions au lieu de chercher à les contrôler
L’objectif, ce n’est jamais de « s’attaquer » aux émotions, même si c’est important de les explorer et de trouver des outils pour mieux les accueillir et les accepter.
Mais si on ne traite pas la restriction cognitive, on ne règle pas la cause probable des compulsions.
et tout ça se travaille en accompagnement !
Travailler à accueillir ses émotions ne va pas forcément vous faire perdre du poids
Le concept de kilos émotionnels vous donne l’illusion que travailler sur ses émotions suffit pour se débarrasser des compulsions. Mais ce n’est pas vrai.
Si vous restez en restriction cognitive, il y a de fortes chances que vous continuiez à avoir des compulsions, c’est logique.
J’aime aussi insister sur le fait qu’on ne devrait pas blâmer les émotions ou les voir comme des choses négatives qui nous font prendre du poids.
Il ne s’agit pas de les « gérer » comme si on était des comptables de nos émotions.
Fabrice Midal, un philosophe dont je parle souvent, dit que le problème aujourd’hui, c’est qu’on contrôle trop nos émotions. On est comme des robots, toujours à vouloir analyser et contrôler.
Cette oppression que nous nous imposons nous pousse à exiger de nous-mêmes un calme constant et à vouloir être tout le temps bien.
Cela peut créer un effet boule de neige, menant parfois au burn-out ou à la dépression, car on attend trop de nous.
Une vision binaire des émotions : ses dangers pour la santé mentale
Le problème également avec les émotions, c’est notre perception : on les perçoit souvent de manière binaire, comme négatives ou positives. En réalité, il n’y a pas d’émotions négatives ou positives.
Il y a plutôt des émotions agréables et des émotions désagréables.
Les émotions, en soi, ne sont que des messages que notre corps nous envoie, des signaux indiquant qu’il y a un problème ou une situation qui ne nous convient pas.
Il faut travailler également sur la vision que l’on a de ces émotions et se réconcilier avec elles.
Alimentation : Les émotions ne sont pas des ennemies à maîtriser !
C’est pourquoi je critique le concept de « kilos émotionnels ». On présente les émotions comme des ennemies, qu’il faudrait éradiquer ou traiter pour perdre du poids.
Cela revient à instrumentaliser les émotions, ce qui s’inscrit encore dans la culture des régimes.
Pour moi, les « kilos émotionnels » sont un concept problématique, car il s’agit d’une relecture de la culture des régimes adaptée aux préoccupations modernes.
Peut-être que certains abordent ce concept différemment, mais il reste critiquable pour plusieurs raisons : grossophobie, gaslighting, binarité des émotions, et surtout, le rôle central de la restriction cognitive.
Conclusion : avoir une relation plus sereine avec son alimentation et ses émotions, l’Alimentation Intuitive
En Alimentation Intuitive, on creuse votre relation à votre alimentation et à vos émotions pour vivre plus sereinement.
Si vous souhaitez qu’on explore ensemble votre rapport à l’alimentation et aux émotions, ou si vous vivez des compulsions, n’hésitez pas à me contacter pour un accompagnement individuel ou une séance REBOOST !
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