Culpabilisation et culpabilité : la culpabilité qu’on ressent après avoir mangé un morceau de chocolat, est-ce vraiment « à nous » ? Spoiler alert : non. Et Mona Chollet nous aide à comprendre pourquoi.
➡️Mona Chollet est une essayiste féministe qui a notamment écrit un livre que je recommande à toutes les femmes qui s’appelle Beauté fatale.
Elle en a fait d’autres très bien aussi, mais dans Beauté fatale, elle parle entre autres des régimes et de la diet culture. Et moi, je me souviens qu’à l’époque, quand je l’avais lu, ça m’avait mis une bonne petite claque.
Donc là, je voulais vous parler de son dernier livre, qui s’appelle Résister à la culpabilisation. J’ai trouvé super intéressante la distinction qu’elle fait entre la culpabilité et la culpabilisation et forcément j’ai fait un lien avec la culpabilité alimentaire !
Elle parle beaucoup de la culpabilisation comme d’un outil de contrôle social, plus qu’une résultante individuelle.
La culpabilité alimentaire : des causes plus profondes qu’on ne le pense
On dit souvent que la culpabilité alimentaire vient du fait de transgresser une règle. Donc ok : s’il y a une culpabilité, c’est parce qu’il y a une règle.
Et cette règle, elle vient souvent de la culture des régimes. Certes, on va y revenir.
Mais la culpabilisation, c’est quelque chose de plus large, quelque chose de systémique, de sociétal.
Et plus on dézoome, plus on se rend compte que la culpabilité, c’est aussi un outil pour contrôler les femmes. Et en prenant conscience de ça, on peut aussi commencer à s’en détacher.
Parce que ça va faire écho à d’autres sphères de notre vie où on ressent aussi beaucoup de culpabilité — pas seulement dans l’alimentation.
Et c’est pour ça, justement, qu’on en ressent autant autour de la nourriture : on a été entraînées à ressentir cette culpabilité.
On creuse tout ça dans cet article/épisode de podcast !
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Sommaire de l’article :
- Culpabilité vs culpabilisation : une distinction essentielle selon Mona Chollet
- Comment la société culpabilise les femmes en permanence selon Mona Chollet
- L’alimentation, terrain de jeu préféré de la culpabilisation
- L’Alimentation Intuitive : une thérapie pour ne plus laisser la société nous culpabiliser de manger ce que l’on souhaite
Culpabilité vs culpabilisation : une distinction essentielle selon Mona Chollet
Comme je vous disais, Mona Chollet fait une distinction entre culpabilité et culpabilisation.
La culpabilité, c’est le sentiment d’avoir transgressé une norme, une règle. On ressent de la culpabilité parce qu’on a l’impression d’avoir fauté. Et il faut savoir que la culpabilité a aussi une fonction importante. Elle permet de réguler nos comportements.
Et c’est pour ça qu’il y a pas mal de gens qui disent que la culpabilité dans l’alimentation, le but ce n’est pas de ne plus la ressentir du tout, mais plutôt de la comprendre.
Oui, mais bon… il faut quand même reconnaître que la culpabilité, c’est très pesant.
Moi, je prône quand même une alimentation sans culpabilité, et je pense que c’est possible, et même accessible grâce à l’alimentation intuitive — parce qu’on envoie valser les règles. Et quand il n’y a plus de règles, ben il n’y a plus de culpabilité, en fait.
La culpabilité, une émotion intérieure
La culpabilité en soi est une émotion neutre, un ressenti personnel. Elle peut exister sans être toxique… à condition qu’elle vienne de nous.
Et si vous ressentez beaucoup de culpabilité par rapport à ce que vous mangez, c’est sans doute que vous avez internalisé des règles qui vous font croire que vous transgressez une norme à chaque fois que vous mangez un Pépito ou trois carrés de chocolat d’un coup.
C’est qu’il y a une règle, quelque part, qui vous dit que ça ne se fait pas.
La culpabilisation, un outil de contrôle social qui nous provoque notre culpabilité
Mais ici, je voulais revenir sur la culpabilisation, et sur le fait que les femmes ressentent souvent plus de culpabilité que les hommes — ou en tout cas que des personnes socialisées comme hommes.
Et c’est parce que la culpabilisation est très liée aux rôles des femmes dans notre société.
➡️C’est ce que Mona Chollet explique dans son livre : elle dit qu’on est toutes un peu les gardiennes du temple. Gardiennes du foyer, gardiennes de l’équilibre dans le couple, gardiennes de l’harmonie.
Comment la société culpabilise les femmes en permanence selon Mona Chollet avec la culpabilisation
Quand on parle de nourriture, de corps, de maternité ou de carrière, la société attend des femmes qu’elles soient parfaites. Et cette attente génère une spirale infernale de culpabilisation.
Si le couple va mal, on pense que c’est peut-être parce que la femme a mal fait quelque chose. On a beaucoup internalisé ce truc-là, que dans un couple hétérosexuel, c’est souvent la femme qui doit faire des efforts, écouter des podcasts sur l’amour, lire des bouquins ou des magazines.
Moi, je me souviens que quand j’étais petite, il y avait plein de magazines du style : Comment garder votre copain, Comment savoir si c’est le bon, chose que les garçons n’ont pas !
Et donc, on a internalisé l’idée que si ton couple va bien, c’est parce que tu fais bien les choses, et que s’il va mal, c’est que tu as mal fait quelque chose.
Les femmes se corrigent et s’évaluent constamment, ressentent beaucoup de culpabilité et de pression à cause de la culpabilisation
Les femmes sont donc sans cesse en train de se corriger, de s’auto-évaluer dans leur rôle de partenaire. On se demande : Qu’est-ce que je peux faire pour que ça aille mieux ? Est-ce qu’on devrait faire une thérapie ? Et souvent, c’est nous qui initions ça. C’est rare qu’un homme dise spontanément : Tiens, si on faisait une thérapie de couple.
C’est pareil dans la famille. La mère a un rôle très important. Elle est gardienne de : Est-ce que les enfants mangent bien ? Est-ce qu’ils sont bien habillés ? Bien traités ?
Typiquement, si un enfant arrive mal habillé à l’école, on va dire : Mais qu’est-ce qu’elle fait, la mère ? On va directement pointer la mère du doigt.
Et ça, c’est pareil pour l’éducation des enfants. On voit bien que ce sont souvent les femmes qui prennent ce rôle à cœur, parce qu’on nous a appris que c’était notre responsabilité, que c’était hyper important.
Les femmes sont les gardiennes du foyer, du couple…et donc se culpabilisent très facilement
Et donc, on endosse ça. On devient aussi gardiennes de l’éducation, gardiennes de la bienséance. Et bien sûr, gardiennes du foyer — parce que, soyons honnêtes, qui fait encore aujourd’hui la majorité des tâches ménagères ? Ce sont souvent les femmes.
Ce n’est pas parce que les femmes se lèvent le matin en se disant J’adore faire le ménage. Non. C’est une construction sociale.
Si demain on élevait les garçons différemment, je suis persuadée qu’on aurait des hommes qui s’occuperaient plus des tâches ménagères. C’est une question de socialisation, pas de « gènes ».
➡️ La sociologie nous montre que nos comportements sont souvent le fruit de comment on a été éduqués, de comment on a été socialisés.
Et c’est pareil pour la culture des régimes. On a été socialisés dans un contexte de culture des régimes et de grossophobie, et du coup, on a intégré des comportements, des pensées et des actions qui vont avec.
Donc on est gardiennes de tout ça : du foyer, du couple, des enfants, des relations amicales, etc. La femme, en général, a ce rôle de gardienne, et donc on a plein d’injonctions liées à ces rôles. Des injonctions à comment on agit en tant que mère, en tant que partenaire, à quoi on doit ressembler, comment on doit se comporter, etc.
L’hyperresponsabilité des femmes : les femmes se sentent responsables (et coupables) de tout
Et forcément, avec toutes ces injonctions et responsabilités qu’on a internalisées, on se retrouve souvent en première ligne pour absorber les tensions.
On porte une part démesurée de culpabilité et d’hyper-responsabilité.
Les femmes ont tendance à se sentir responsables de trop de choses — parfois même dans des domaines où elles ne sont pas du tout à l’origine du problème. Mais on prend quand même la faute sur nous.
On a l’impression qu’on doit être parfaite partout : parfaite mère, parfaite au travail, parfaite dans notre couple, parfaite dans notre alimentation… Et dès qu’on a l’impression de sortir des clous, bim : culpabilité.
Les femmes sont « culpabilisées » selon Mona Chollet avec le concept de culpabilisation
C’est ça que Mona Chollet met en lumière : les femmes ne ressentent pas plus de culpabilité parce qu’elles aiment ça. C’est parce qu’on nous impose beaucoup plus de rôles et d’injonctions.
Et donc, quand on a l’impression qu’on est en-dessous de ce qu’on devrait être, ou que ce qu’on fait n’est pas bon, on ressent de la culpabilité
Et c’est typiquement ce qu’on observe avec la culpabilité alimentaire. Souvent, c’est parce qu’on a l’impression de ne pas faire « comme il faut », de ne pas bien manger, etc. Et donc on culpabilise.
Ce qui est intéressant dans le livre de Mona Chollet, c’est qu’elle pointe le problème : la culpabilisation. C’est-à-dire la pression extérieure qui nous est imposée, notamment aux femmes, pour nous faire sentir « pas assez », « pas à la hauteur ».
L’alimentation, terrain de jeu préféré de la culpabilisation
La culpabilité alimentaire une extension de la culpabilisation décrite par Mona Chollet
La culpabilité alimentaire c’est une extension de cette culpabilisation plus large.
C’est pour ça que je parle souvent de féminisme dans l’alimentation, dans le rapport au corps.
Parce que quand on comprend que cette culpabilisation – même liée à l’alimentation – vient de rôles imposés aux femmes depuis toujours — le rôle de la « gardienne », la « bonne élève », la « maman parfaite », la « femme parfaite » — eh bien on commence à respirer.
On se dit : « OK, cette culpabilité que je ressens, en fait elle ne m’appartient pas. Elle est symptomatique de ma socialisation. Ce n’est pas moi le problème. »
Cette culpabilité, on nous l’a mise sur les épaules. Si demain, on changeait la manière dont les femmes sont socialisées — si on arrêtait de leur demander d’être parfaites partout, tout le temps — et qu’on leur disait :
« Vis ta vie, fais de ton mieux, et c’est largement suffisant »,
je suis convaincue que les femmes seraient bien plus détendues.
Une recherche de performance et de perfection dans notre rapport à l’alimentation et au corps qui est inhumaine et qui pousse à la culpabilisation
Mona Chollet dit aussi un truc super intéressant :
la performance, c’est contre le vivant.
Le vivant ne cherche pas à être performant. La nature ne cherche pas à atteindre des objectifs chiffrés.
On est du vivant. Nos corps évoluent, changent. Notre alimentation aussi. Nos enfants aussi. On évolue, on traverse des phases.
Et pourtant, on nous impose des diktats inhumains, tout le temps.
On nous demande d’être performantes partout : en tant que mère, épouse, femme active.
C’est la performance et la productivité non-stop. Dans notre société capitaliste, on nous vend ce discours comme si c’était génial : « sois productive, efficace, rentable »…
Donc si demain, tu arrêtes de croire qu’il y a une version de toi qui serait plus performante, plus « parfaite »…
Tu iras mieux, tout simplement.
Il n’y a pas de bonne ou mauvaise alimentation, de normes à suivre : stop à la culpabilisation alimentaire !
Quand on arrête de croire qu’il y a une « bonne alimentation », une norme à suivre, on se libère de la culpabilité.
Le problème, ce ne sont pas nos envies ou nos choix. Le problème, c’est la pression qu’on nous met.
Du coup, cette distinction entre culpabilité et culpabilisation, je la trouve essentielle.
Parce que parfois, on se trompe d’ennemi. On croit que c’est nous, le problème.
Mais non. La culpabilité qu’on ressent, c’est la société qui nous l’a mise.
Donc… elle ne nous appartient pas.
Exemple : tu manges du chocolat, et tu culpabilises.
Mais cette culpabilité, elle n’est pas à toi. Elle appartient à la culture des régimes.
Donc rends-la-lui.
Autre exemple : si tes parents t’ont mis la pression sur ton poids, ton alimentation, ton apparence…
Sache que tu n’as aucune obligation d’être loyale à ça.
Ce n’est pas parce qu’ils t’ont transmis ces croyances que tu dois les garder.
C’est important de faire le tri.
De se demander : « Est-ce que c’est vraiment moi qui pense ça ? Ou est-ce que c’est ce qu’on m’a appris à penser ? »
Le tyran intérieur version alimentation : une voix à mettre en sourdine qui est de la culpabilisation intériorisée pour Mona Chollet
Mona Chollet parle aussi d’un concept que je trouve très juste : la culpabilisation nourrit notre tyran intérieur.
Vous savez, cette petite voix critique dans la tête, celle qui dit :
« T’es nulle, t’aurais dû faire ça, t’aurais dû mieux faire… »
Cette voix, elle est alimentée par la culpabilisation.
Ce tyran intérieur, c’est la société qui s’est installée en nous.
Et c’est un cercle vicieux : plus on est culpabilisé·e·s, plus ce tyran est fort, et plus il renforce nos complexes et nos doutes.
C’est la même voix qu’on retrouve appliquée à l’alimentation ou le corps : « Tu n’aurais pas dû manger ça ! » « Oh tu as encore grossi, demain régime »…
Si cette pression constante internalisée n’existerait pas, vous vous en porterez mieux !
L’Alimentation Intuitive : une thérapie pour ne plus laisser la société nous culpabiliser de manger ce que l’on souhaite
Pour sortir de cette culpabilisation, il faut déjà prendre conscience de quand on se sent coupable.
Se demander : « D’où ça vient ? À quel idéal j’essaie de correspondre là, exactement ? »
Ce qu’on fait en Alimentation Intuitive ensuite – et que je fais dans mes accompagnements – c’est explorer notre drama mental qui nous culpabilise.
Écouter cette petite voix : « Qu’est-ce qu’elle me raconte ? »
Et ensuite, avec des outils on apprend à recadrer et déconstruire, petit à petit.
C’est un vrai travail actif de ne plus donner de crédit à ces pensées héritées du patriarcat et du capitalisme, du type « faut être parfaite, performante, mince, douce, jolie, discrète… »
On les remplace par des pensées qui sont alignées avec la femme qu’on veut être.
Une femme badass, libre, qui refuse qu’on lui dicte sa valeur.
Et c’est en questionnant tout ça — les rôles qu’on nous a collés, les attentes qu’on a intégrées, notre rapport aux autres, etc. — qu’on peut reprendre notre pouvoir, et ne plus se sentir coupable de manger ce qu’on veut.
Si l’Alimentation Intuitive vous intéresse…mes accompagnements :
Je vous accompagne quand vous le souhaitez avec :
- Mon accompagnement individuel RESET
- Mon accompagnement de groupe : Croque Madame
- Mon programme de groupe : Sors du Moule – dédié rapport au corps
Pour vous aider à manger intuitivement et loin des injonctions de la société !
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